Georges Brassens
Sauf le respect que je vous dois
Si vous y tenez tant, parlez-moi des affair's publiques
Encor que ce sujet me rende un peu mélancolique
Parlez-m'en toujours, je n' vous en tiendrai pas rigueur...
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois
Fi des chantres bêlant qui taquin'nt la muse érotique
Des poètes galants qui lèchent le cul d'Aphrodite
Des auteurs courtois qui vont en se frappant le cœur...
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois
Naguère mes idé's reposaient sur la non-violence
Mon agressivité, je l'avait réduite au silence
Mais tout tourne court, ma compagne était une gueuse...
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois
Ancienne enfant trouvé' n'ayant connu père ni mère
Coiffée d'un chap'ron rouge ell' s'en fut, ironie amère
Porter soi_-disant une galette à son aïeule...
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois
Je l'attendis un soir je l'attendis jusqu'à l'aurore
Je l'attendis un an, pour peu je l'attendrais encore
Un loup de rencontre aura séduite cette fugueuse...
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois
Cupidon, ce salaud, geste chez lui qui n'est pas rare
Avais trempé sa flèche un petit peu dans le curare
Le philtre magique avait tout du bouillon d'onze heures...
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois
Ainsi qu'il est fréquent, sous la blancheur de ses pétales
La marguerite cachait une tarentule, un crotale
Une vrai' vipère à la fois lubrique et visqueuse...
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois
Que le septième ciel sur ma pauvre tête retombe !
Lorsque le désespoir m'aura mis au bord de la tombe
Cet ultime discours s'exhalera de mon linceul...
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois