Je me souviens d’un vieux ciné
Dans le quartier de l’Odéon
Là-bas
Pour deux fois, rien on se payait
Quelques navets ou les chefs d’œuvre du muet
Blottis à deux dans un fauteuil
Les amoureux suivaient d’un œil
Indifférent
Tout ce qui se passait dans
La salle ou sur l’écran
Je me souviens de ce ciné
Dans le quartier de l’Odéon
Parfois
On découvrait de vrais trésors
« Hôtel du Nord » et « Les enfants du paradis »
Les écoliers séchaient leurs cours
Pour y aller rêver d’amour
En regardant le corps transi
Les dentelles noires d’Arletty
Dans l’ombre, le monde
Semblait si pur
Sans misère, sans guerre
Sans rien de dur
Tarzan, Zorro
Pancho Villa
Robin des Bois
Triomphaient des salauds
Nous étions royalistes
Devant Garbo
Nous devenions marxistes
Façon Groucho
Nos héros étaient des héroïnes
Qui mataient les machos
Je me souviens d’un vieux ciné
Dans le quartier de l’Odéon
Là-bas
Pour deux fois rien, on se payait
Quelques navets ou les chefs d’œuvre du muet
Tous les Jouvet, tous les Chaplin
« Le jour se lève », « Hellzapoppin »
Et « Casque d’or »
Nous en mettaient plein le cœur
Et c’était le bonheur
Seul dans son coin
Un musicien
Accompagnait les drames et les comédies
Si son piano
Jouait un peu faux
Aucun de nous n’en faisait une maladie
Jolies valses de grand-mère
Mazurkas d’avant la guerre
Il connaissait
Tous les succès
Qui avaient fait
Pleurer Margot
Cher musicien
Tout ça est loin
Mais ma mémoire me fredonne tes refrains
Et je revois
Le cinéma
Où chaque jour se retrouvaient tous les copains
Compagnon de ma jeunesse
Je te garde ma tendresse
Tout ça est loin
Mais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais
Je ne t’oublierai
Je me souviens d’un vieux ciné
Dans le quartier de l’Odéon
Là-bas
Pour deux fois rien, on se payait
Quelques navets ou les chefs d’œuvre du muet
Les amoureux y sont toujours
Les écoliers sèchent leurs cours
Pour y aller rêver d’amour
La vie n’est qu’un « Éternel retour »
{x2:}
Jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais
Je ne t’oublierai