Georges Moustaki
En regardant ton corps
En regardant ton corps
A peine adolescent
D'un regard qui pourrait
Te sembler indécent
C’est moi que je revois
Au jour de mes quinze ans
Lorsque j'étais celui
Que tu es à présent
Un homme lionceau
Un fauve attendrissant
A l'air déjà rebelle
Et au corps innocent
Au gestes de défi
Au sourire gourmand
Un homme jouvenceau
Désarmé
Désarmant

En regardant ton corps
A peine adolescent
Mon jeune autre moi-même
Mon frère de sang
Je te renvoie l’image
D'un fou vieillissant
Qui a passé sa vie
A la vivre en passant
Un musicien d'eau douce
Un éternel amant
Qui n'a pas trop souffert
De tous ces errements
Et qui poursuit sa route
D'un pas nonchalant
Quelque peu assagi
Mais toujours insolent
En regardant ton corps
Je te vole un instant
Avant de te laisser
A tout ce qui t'attend
Avant de m'en aller
Comme je vais souvent
Sans savoir ou je vais
Emporté par le vent
Étoile qui qui scintille
Dans ma nuit d'étang
Illusoire reflet
De neiges d’antan