Jacques Brel
Les désespérés
Se tiennent par la main
Et marchent en silence
Dans ces villes éteintes
Que le crachin balance
Ne sonnent que leurs pas
Pas à pas fredonnés
Ils marchent en silence
Les désespérés

Ils ont brûlé leurs ailes
Ils ont perdu leurs branches
Tellement naufragés
Que la mort paraît blanche
Ils reviennent d´amour
Ils se sont réveillés
Ils marchent en silence
Les désespérés

Et je sais leur chemin
Pour l´avoir cheminé
Déjà plus de cent fois
Cent fois plus qu´à moitié
Moins vieux ou plus meurtris
Ils vont le terminer
Ils marchent en silence
Les désespérés
Lente sous le pont
L´eau est douce et profonde
Voici la bonne hôtesse
Voici la fin du monde
Ils pleurent leurs prénoms
Comme de jeunes mariés
Et fondent en silence
Les désespérés

Que se lève celui
Qui leur lance la pierre
Ils ne sait de l´amour
Que le verbe "s´aimer"
Sur le pont n´est plus rien
Qu´une brume légère
Ça s´oublie en silence
Ceux qui ont espéré