Patrick Bruel
À mon ami Alfred T.
Dans mes jours de malheur, Alfred, seul entre mille
Tu m'es resté fidèle où tant d'autres m'ont fui
Le bonheur m'a prêté plus d'un lien fragile
Mais c'est l'adversité qui m'a fait un ami

C'est ainsi que les fleurs sur les coteaux fertiles
Étalent au soleil leur vulgaire trésor
Mais c'est au sein des nuits, sous des rochers stériles
Que fouille le mineur qui cherche un rayon d'or

C'est ainsi que les mers calmes et sans orages
Peuvent d'un flot d'azur bercer le voyageur
Mais c'est le vent du nord, c'est le vent des naufrages
Qui jette sur la rive une perle au pêcheur

Maintenant Dieu me garde! Où vais-je? Eh! que m'importe?
Quels que soient mes destins, je dis comme Byron
"L'océan peut gronder, il faudra qu'il me porte."
Si mon coursier s'abat, j'y mettrai l'éperon

Mais du moins j'aurai pu, frère, quoi qu'il m'arrive
De mon cachet de deuil sceller notre amitié
Et, que demain je meure ou que demain je vive
Pendant que mon cœur bat, t'en donner la moitié