Claude-Michel Schönberg
L’Aveu de Jean Valjean
[Marius]
Mon père, comme je vous aime d'aimer autant Cosette
Vous ne la perdez pas et vous gagnez un fils
Car dans cette maison, votre chambre est toute prête
Et dès demain matin, chez nous sera chez vous
Nous voulons partager du bonheur avec vous
[Valjean]
Si je me tais, je me damne
Si je parle, c'est moi qui me condamne
Monsieur, je ne veux pas usurper votre toit
Je suis ancien forçat, mais la dot de Cosette
Est un argent honnête
Cosette n'est pas ma fille, mais je l'ai recueillie
Comme j'en ai fait serment à sa mère, dans le temps
Et je vous la rends
Si je me tais, je me damne
Si je parle, c'est moi qui me condamne
[Marius]
Qu'est-ce que cela veut dire?
Mais vous me rendez fou!
Dites-moi que je rêve et que ce n'est pas vous
Si tout ceci est vrai, pourquoi me l'avouer
Et n'avoir pas gardé pour vous votre secret?
Qu'est-ce qui vous a forcé à parler?
[Valjean]
Je ne suis plus dénoncé, poursuivi, ni mis en quarantaine
Sinon que par ma mémoire qui me barre le passage à moi-même
Si je me tais, je me damne
Si je parle, il faut que je me condamne
[Marius]
Vous, un forçat qui avez combattu près de moi
Pauvre Cosette, comment lui expliquer tout cela
[Valjean]
Non jurez-moi de ne jamais trahir mon secret
[Marius]
C'est bien juré
[Valjean]
À présent, croyez-vous que je n'doive plus la voir?
[Marius]
Oui Monsieur, je crois que ce s'rait mieux
[Valjean]
Adieu!