"Je suis affligé d'une grande peine, Tirelou."
"Couche-toi dans ton lit, les poings sur la tête."
"Je n'ai pas de lit, pas de tête."
"Va-t-en à Paris ou casse des cailloux
Mais ne gâche pas ma semaine."
"J'étais à Paris, y'a deux ans à peine, Tirelou."
"Près de Notre-Dame, as-tu vu l'ami
Le front bourré de connaissances?"
"Tant de mots sortaient de sa bouche à lui
Qu'il me fit perdre contenance."
"T'es-tu retiré jusque chez les bêtes, Tirelou?"
"Au le ver du soleil, dedans la rosée
Les chevaux m'ont fait la fête
Mais les châtelains ont failli me tuer
Me prenant pour un loup-garou."
"Es-tu allé voir les hommes de science, Tirelou?"
"J'y étais hier, mais n'ai pas compris
Pourquoi, comme une expérience
Voulaient m'envoyer dans la lune qui luit
Avec mon nom écrit au cou."
"Peut-être au Japon tu trouveras l'ordre, Tirelou."
Le Japon est loin mais j'ai une corde
Pour me pendre s'il n'y a rien."
"Y'a mieux, mon ami, prends la bêche en main
Aide-moi à planter mes choux..."