Julien Clerc
Sur la plage, une enfant
Sur la plage une enfant que sa mère amenait
Avait d’abord surpris par un joli visage
Si ingénu, si fin, probablement jamais
On avait vu si reposant, si sage
Mais il fallut bientôt se rendre à l’évidence
Une chose intriguait, sorte d’inélégance
Que cet enfant avait sans le vouloir
La tête un peu penchée sur le cou s’inclinant
La grève en un instant avait paru glacée
Et le panorama des sables enlacés
Tandis que de la mer je regardais l’âme
Tandis que de la mère je regardais la main
Que faisait elle penchée où bien la recoiffant
Cette frêle fillette peut être de dix ans
On lui mit un maillot, cela fut difficile
Chaque geste coûtait, chaque avancée fragile
Puis la mère et la fille allèrent près de l’écume
La première entendant mouiller sans trop de peine
Les pieds de la seconde un peu et une à une
Elle lui baigna les jambes
Dès que je la vis loin partie dans une vague
Debout sur le rivage, je m’armais de courage
Quel sort la frappe, quel est son nom, qu’a-t-elle ?
Quel sort la frappe, quel est son nom, qu’a-t-elle ?
Jusqu’à ses premiers mois me répondit la mère
De loin pareil aux autres elle était identique
Elle paraissait normale et puis soudain dit elle
Chacun s’est rendu compte qu’elle ne mangeait pas seule
Tenue, lavée monsieur, ne le voyez-vous pas ?
Qu’on lui passe à son pied ce qu’elle ne pourrait pas
Une simple sandale qu’elle ne saurait lacer
Tandis qu’on lui secoue le sable qu’elle avale
Je suis rentré nerveux, inconsolé, rageur
Ne sachant le pourquoi de cette iniquité
Inquiet je l’ai guettée, cette lointaine amie
Inquiet je l’ai guettée, cette lointaine amie
Car je me sens moi même aussi vite affolé
Prêt à pleurer, perdu, aussi mal aguerri
Hanté par tant de choses peut-être similaires
Hanté par tant de choses peut-être similaires
Sur la plage une enfant que sa mère amenait