Louis a fait le mur
Le mur de Fresnes dans la bure
De l'aumonier, il était sûr
De son breviaire et de sa tonsure
Et il s'est dit
"J'y suis, j'y suis, enfin j'y suis!"
C'est dans l'église qu'on l'a cueilli
Puis il s'est fait la malle
Blotti dans un sac de toile
Déguisé en linge sale
Tous ses amis entouraient déjà
La blanchisserie
"J'y suis, j'y suis" - qu'il leur a dit
Mais les poulets y étaient aussi!
Oh bye bye Louis, bye bye bye
Oh bye bye Louis
C'est la vie, c'est la vie, Louis!
Et sur le mur de sa prison
Il grave un petit bâton
Ça fait soixante-douze évasions
Une fois de plus il a failli
Voir sa femme et les petits
Qui s'impatientent à la maison
La promenade en rang par trois
Les boulets, la soupe aux pois
Louis n'a pas le goût à ça
Bye bye Louis, Louis bye bye
Dans la prison qui dort
Peuplée de rêves de coffre-fort
L'alarme sonne et chacun sort
Pour voir Louis qui s'évade encore
Et qui s'écrie
"J'y suis, j'y suis, cette fois j'y suis!"
Puis on le ramène dans son lit
Oh bye bye Louis, bye bye bye
Oh bye bye Louis
C'est la vie, c'est la vie, Louis!
Les copains disent: "Ne t'en fais pas
Ça s'ra pour une autre fois"
Mais Louis est sombre au violon
À la pensée que ses amis
Font des casses dans le Midi
Pendant qu'à l'ombre il se morfond
À ne rien faire de ses dix doigts
Il perd la main pour ce travail
Il avait tant le goût à ça
Bye bye Louis, Louis bye bye
De l'Alcatraz à Fresnes
De Tsin-Tsin à Saint-Hélène
Tourne encore la rengaine
Qui redit les prouesses vaines
De Louis:
"J'y suis, j'y suis"
Pauvre Louis!