Yves Jamait
A marée basse
[Couplet 1]
Le printemps vient d'éclore et le soleil levant
Te brûle un peu les yeux au sortir du néant
Le coton d'un nuage absorbe la rosée
Qui perle sur la lèvre des fleurs ensommeillées

Il pleut de la lumière et des poignées d'oiseaux
Calligraphient le ciel de leurs plumes-pinceaux
Ils racontent le vent qui vient de les porter
Et les branches des arbres ne pensent qu'à chanter

[Pont]
Respire !
Respire à pleins poumons la vie qui se réveille
Le sang
Le sang du coquelicot, le pollen et l'abeille
Respire !
Respire les couleurs partout éclaboussées
Le bourgeon de ton cœur vient juste d'éclater

[Couplet 2]
L'été trop enflammé brûle tout ce qu'il touche
Le feu de ses baisers assèche aussi la bouche
La vie sous son zénith où l'ombre se dén***
Et la mer à tes pieds qui murmure sans prélude
Quand noyée de chaleur, l'image s'est floutée
Que poisse la lenteur sur ton éternité
Plonge-la dans les flots et goûte à la fraicheur
À sa peau de sirène qui moissonne ton cœur

[Pont]
Regarde !
Regarde l'horizon, tu peux le voir de loin
Le soleil
Le soleil s'y infuse du soir jusqu'au matin
Regarde !
Regarde-le tremper son astre dans la forge
Et emplis-toi le cœur de vie dont il regorge

[Refrain]
On ne voit pas le temps qui passe, et quand il passe à travers nous
Il en laisse un petit peu partout. Il en laisse un petit peu partout
On ne voit pas le temps qui passe, et quand il passe à travers nous
Il en laisse un petit peu partout, que l'on ramasse à marée basse

[Couplet 3]
Là le temps sur ta joue pose une pluie d'automne
Au déclin du soleil, le crépuscule frissonne
L'azur est tout rouillé, et les arbres sont rouges
Sur leur corps les serments sont gravés à la bouge
Sur l'ocre des chemins, Chopin souffle les feuilles
Et Novembre qui pleure semble porter le deuil
Tant le jour est si sombre qu'il figure une nuit
Qui blanchit dans les bras de la mélancolie

[Pont]
Écoute !
Écoute les feuilles d'automne et leur bruit de papier
C'est en tournant
C'est en tournant les pages que le vent a froissé
Les illusions
Les illusions perdues qui gisaient sur le sol
Écoute la langueur couler dans les rigoles

[Refrain]
On ne voit pas le temps qui passe, et quand il passe à travers nous
Il en laisse un petit peu partout. Il en laisse un petit peu partout
On ne voit pas le temps qui passe, et quand il passe à travers nous
Il en laisse un petit peu partout, que l'on ramasse à marée basse

[Couplet 4]
Le silence est glacé dans l'hiver qui se fige
Un calme immaculé où nos creux vont, prodige
Où des flocons trop lourds, bribes de firmament
Écrasent leur velours interminablement
Le givre cristallise le sourire de la mort
Il couvre les bras maigres et nus des sycomores
La terre a disparu sous ses airs de banquise
La bise qui la mord ne va pas lâcher prise

[Pont]
Alors sens !
Sens le vol du gerfaut et puis ferme les yeux
Envole-toi
Envole-toi là-haut juste entre blanc et bleu
Alors sens !
Sens l'hiver qui se meurt et l'enfant à venir
Sens la faux qui t'effleure
Avant que de partir

[Refrain]
On ne voit pas le temps qui passe, et quand il passe à travers nous
Il en laisse un petit peu partout. Il en laisse un petit peu partout
On ne voit pas le temps qui passe, et quand il passe à travers nous
Il en laisse un petit peu partout, que l'on ramasse à marée basse