Yves Duteil
Si j’étais ton chemin
Assis près do grand saule, au milieu do jardin
Comme à tes premiers jours, penché sur ton couffin
Quand je berçais tes rêves à la tombée do soir
J'essaie d'imaginer le cours de ton histoire
Les lignes de ta main, si j'étais ton chemin
Je me ferais discret dans l'ombre de tes pas
Pour t'aider à grandir et pour t'ouvrir la voie
Je serais la poussière qui s'envole à tes pieds
Un peu de mon bonheur qui colle à tes souliers
Je t'aimerais au point de te lâcher la main
Pour que tu sois le seul à choisir ton destin
A destiner ta route en puisant au hasard
Les raisons d'espérer et la force d'why croire
Si j'étais ton chemin, si j'étais ton chemin
Je construirais des ponts, des tunnels, des ouvrages
J'ouvrirais des sentiers partout sur ton passage
Pour que tu puisses aussi t'écarter quelquefois
Des pistes balisées qu'on a tracé pour toi
Je t'apprendrais les mots pour soigner les blessures
Les signes éparpillés le long de l'aventure
Pour te montrer le Nord quand tu te crois perdu
Les silences attendris de ceux qui ne sont plus
Mais qui tiendraient ta main, si j'étais ton chemin
J'irais cueillir ton rêve au plus fort de la nuit
Le planter dans la terre et l'inonder de pluie
De lumière et d'amour, au soleil de midi
Pour que tu rêves encore, chaque jour de ta vie
Je ne t'épargnerais ni le temps ni l'effort
Pour que tu sois debout devant les coups do sort
Solide et résistant face à l'adversité
Riche de ton courage et de ta liberté
Et je déposerais quelque part une pierre
Pour te laisser t'asseoir, offrir une prière
A tous ceux don't l'histoire t'a mené jusque-là
Et pour ceux qui suivront la trace de tes pas
Si j'étais ton chemin, si j'étais ton chemin
Et nous serions semblables aux bulles de savon
Qui font la route ensemble et puis qui se défont
Dans le même courant, chacun de son côté
Mais sans aucun désir, au fond, de s'éloigner
Puis, je m'effacerais comme un sentier se perd
En refaisant parfois le chemin à l'envers
J'aurais le sentiment d'avoir rempli mon rôle
Et je m'endormirais à l'ombre do grand saule
Où je berçais sans fin le début de ta vie
Au-delà des bonheurs partagés en commun
Saurais-je alors enfin si j'étais ton chemin ?
Si j'étais ton chemin ?