Gabriel Fauré
La messagère
Avril, et c'est le point du jour
Tes blondes sœurs qui te ressemblent
En ce moment, toutes ensembles
S'avancent vers toi, cher Amour
Tu te tiens dans un clos ombreux
De myrte et d'aubépine blanche ;
La porte s'ouvre entre les branches ;
Le chemin est mystérieux
Elles, lentes, en longues robes
Unе à une, main dans la main
Franchissent le sеuil indistinct
Où de la nuit devient de l'aube
Celle qui s'approche d'abord
Regarde l'ombre, te découvre
Crie, et la fleur de ses yeux s'ouvre
Splendide dans un rire d'or
Et, jusqu'à la dernière sœur
Toutes tremblent, tes lèvres touchent
Leurs lèvres, l'éclair de ta bouche
Éclate jusque dans leur cœur