Gabriel Fauré
Il m’est cher, Amour, le bandeau

Il m'est cher, Amour, le bandeau
Qui me tient les paupières closes ;
Il pèse comme un doux fardeau
De soleil sur de faibles roses

Si j'avance, l'étrange chose !
Je parais marcher sur les eaux ;
Mes pieds trop lourds où je les pose
S'enfoncent comme en des anneaux

Qui donc a délié dans l'ombre
Le faix d'or de mes longs cheveux ?
Toute cеinte d'étreintes sombrеs
Je plonge en des vagues de feu

Mes lèvres où mon âme chante
Toute d'extase et de baiser
S'ouvrent comme une fleur ardente
Au-dessus d'un fleuve embrasé