Gabriel Fauré
Accompagnement

Tremble argenté, tilleul, bouleau...
La lune s'effeuille sur l'eau...

Comme de longs cheveux peignés au vent du soir
L'odeur des nuits d'été parfume le lac noir
Le grand lac parfumé brille comme un miroir

Ma rame tombe et se relève
Ma barque glisse dans le rêve

Ma barque glisse dans le ciel
Sur le lac immatériel...

En cadence les yeux fermés
Rame, ô mon cœur, ton indolence
A larges coups lents et pâmés

Là-bas la lune écoute, accoudée au côteau
Le silence qu'exhale en glissant le bateau...
Trois grands lys frais coupés meurent sur mon manteau

Vers tes lèvres, ô Nuit voluptueuse et pâle
Est-ce leur âme, est-ce mon âme qui s'exhale?
Cheveux des nuits d'argent peignés aux longs roseaux...

Comme la lune sur les eaux
Comme la rame sur les flots
Mon âme s'effeuille en sanglots!