Gabriel Fauré
Dans les ruines d’une abbaye
Seuls, tous deux, ravis, chantants
Comme on s'aime;
Comme on cueille le printemps
Que Dieu sème
Quels rires étincelants
Dans ces ombres
Jadis pleines de fronts blancs
De coeurs sombres
On est tout frais mariés
On s'envoie
Les charmants cris variés
De la joie!
Frais échos mèlés
Au vent qui frissonne
Gaîté que le noir couvent
Assaisonne
On effeuille des jasmins
Sur la pierre
Où l'abbesse joint les mains
En prière
On se cherche, on se poursuit
On sent croître
Ton aube, Amour, dans la nuit
Du vieux cloître
On s'en va se becquetant
On s'adôre
On s'embrasse à chaque instant
Puis encore
Sous les piliers, les arceaux
Et les marbres
C'est l'histoire des oiseaux
Dans les arbres