Gabriel Fauré
Les roses d’Ispahan
Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse
Les jasmins de Mossoul, les fleurs de l'oranger
Ont un parfum moins frais, ont une odeur moins douce
Ô blanche Léïlah! que ton souffle léger
Ta lèvre est de corail et ton rire léger
Sonne mieux que l'eau vive et d'une voix plus douce
Mieux que le vent joyeux qui berce l'oranger
Mieux quе l'oiseau qui chante au bord d'un nid de moussе
Ô Leïlah! depuis que de leur vol léger
Tous les baisers ont fui de ta lèvre si douce
Il n'est plus de parfum dans le pâle oranger
Ni de céleste arome aux roses dans leur mousse
Oh! que ton jeune amour, ce papillon léger
Revienne vers mon coeur d'une aile prompte et douce
Et qu'il parfume encor la fleur de l'oranger
Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse