Gabriel Fauré
Aurore
Des jardins de la nuit s'envolent les étoiles
Abeilles d'or qu'attire un invisible miel
Et l'aube, au loin tendant la candeur de ses toiles
Trame de fils d'argent le manteau bleu du ciel

Du jardin de mon coeur qu'un rêve lent enivre
S'envolent mes désirs sur les pas du matin
Comme un essaim léger qu'à l'horizon de cuivre
Appelle un chant plaintif, éternel et lointain

Ils volent à tes pieds, astres chassés des nues
Exilés du ciel d'or où fleurit ta beauté
Et, cherchant jusqu'à toi des routes inconnues
Mêlent au jour naissant leur mourante clarté