Gabriel Fauré
La Fée aux chansons
Il était une fée
D'herbe folle coiffée
Qui courait les buissons
Sans s'y laisser surprendre
En Avril, pour apprendre
Aux oiseaux leurs chansons
Lorsque geais et linottes
Faisaient des fausses notes
En récitant leurs chants
La Fée, avec constance
Gourmandait d'importance
Ces élèves méchants
Sa petite main nue
D'un brin d'herbe menue
Cueilli dans les halliers
Pour stimuler leurs zèles
Fouеttait sur leurs ailes
Ces mauvais écoliеrs
Par un matin d'automne
Elle vient et s'étonne
De voir les bois déserts
Avec les hirondelles
Ses amis infidèles
Avaient fui dans les airs
Et, tout l'hiver, la fée
D'herbe morte coiffée
Et comptant les instants
Sous les forêts immenses
Compose des romances
Pour le prochain printemps