Georges Bizet
Vieille chanson
Dans les bois, l'amoureux Myrtil
Avait pris Fauvette légère :
"Aimable oiseau, lui disait-il
Je te destine à ma bergère
Pour prix du don que j'aurai fait
Que de baisers !... Si ma Lucette
M'en donne deux pour un bouquet
J'en aurai dix pour la Fauvette."
La Fauvette dans le vallon
A laissé son ami fidèle
Et tant fait que de sa prison
Elle s'échappe à tire-d'aile
"Ah ! dit le berger désolé
Adieu les baisers de Lucette !
Tout mon bonheur s'est envolé
Sur les ailes de la Fauvette."
Myrtil retourne au bois voisin
Pleurant la perte qu'il a faite ;
Soit par hasard, soit à destin
Dans le bois se trouvait Lucette :
Et sensible à ce gage de foi
Elle sortit de sa retraite
En lui disant : "Console-toi, console-toi, Myrtil, console-toi, ah !
Tu n'as perdu que la Fauvette !"