[Paroles de "Cock Music Smart Music / RAG #1"]
[Couplet 1]
J'revois encore Dan m'expliquer sa théorie en s'agrippant fermement l'entrejambe
Il m'disait comme ça, avec cet accent que je t'épargne :
« Il faut distinguer le "cock music" et le "smart music", tu vois
Rolling Stones, Pixies, AC/DC, Guns N' Roses, et cætera, et cætera
C'est une question d'génération, mon p'tit gars ! »
Okay, il a p't-être raison, je sais pas
Y a quelque chose d'ironique dans tout ça
Comme si une fois, le Big Magnet s'était dit :
« Tiens, Pierrot, amène-toi, amène-toi qu'on rigole !
Tiens, tu l'vois l'autre taré en bas?
Eh bien moi, j'ai décidé qu'pour les cent prochaines années
Il avancera les yeux bandés »
Et Pierre de répliquer :
« Seigneur, soyez pas pute, laissez-lui au moins un des indices par-ci par-là, j'en sais rien »
Et il en fût ainsi
Depuis, depuis
[Refrain]
Jour et nuit, je traque les épiphanies
Avec la rage d'un mercenaire sous crack
D'un alcoolique en manque de Jack, d'un dément
D'un amant qu'on plaque
Jour et nuit, je traque les épiphanies
Avec la rage d'un mercenaire sous crack
D'un alcoolique en manque de Jack
D'un amant qu'on plaque, d'un dément qu'on claque
[Couplet 2]
J'revois encore Matthieu
Et les étoiles dans ses yeux entre deux cigarettes fumées à la f'nêtre de ma chambre
Il m'disait comme ça :
« Mon vieux, tu savais qu'le verbe cristallisait la pensée ?
J'te jure, un mot sur une idée foireuse
C'est exactement comme un baiser, t'as pas remarqué ? »
C'est une question d'perception
Et au fond, je sais qu'il a raison
Y a quelque chose de mystique dans son affaire
Pouvoir ramasser les mots par terre et les j'ter comme des pierres
Contre les parois plongées dans l'noir
Pour en faire sortir les choses qui blessent
Grâce à la parole
Réussir à s'armer contre les sales pensées et faire des plans
Serrer les poings, serrer les dents, les cogner, leur rentrer d'dans
Essayer d'attraper les syllables à la volée pour en faire des bougies qui éclairent
Et qu'on placera sous les paupières
Ou des jolis bouquets
Pour une fille qui nous plaît
Finalement, c'est pour ça qu'j'écris
[Refrain]
Jour et nuit, je traque les épiphanies
Avec la rage d'un mercenaire sous crack
D'un alcoolique en manque de Jack, d'un dément
D'un amant qu'on plaque
Jour et nuit, je traque les épiphanies
Avec la rage d'un mercenaire sous crack
D'un alcoolique en manque de Jack
D'un amant qu'on plaque, d'un dément qu'on claque
[Couplet 3]
J'revois encore Thibault
Éclairé par le halo d'la lampe à pétrole
Il m'disait comme ça
Entre les vapeurs d'alcool :
« Tu sais qu'on peut flotter au-d'ssus du sol rien qu'avec la parole ?
J'te jure ! On f'sait ça quand j'tais enfant
Sur l'terrain vague derrière chez mes parents »
C'est juste une question d'conviction
Et j'prie pour qu'il ait raison
Y a quelque chose de magnifique dans son histoire
De savoir que si tout foire, il nous en reste dans les tiroirs
Grâce à eux, eux qui ont r'çu l'feu sacré qui permet d'tout voir
Eux, les machines à observer
Les machines à mettre des mots sur tout
Eux qui écrivent plus vite que la pensée
Et avec ça, ils agrandissent la vie
Ils font apparaître les fils
Qui r'lient toutes les choses entre elles
Et ça leur donne le courage de tout affronter
Même la Kolyma
En attendant moi
En attendant moi quoi ?
Moi, j'ai rien vu, rien lu, rien entendu et surtout rien compris
Mais c’est pas grave, j't'attends, tant pis
[Refrain]
Jour et nuit, je traque les épiphanies
Avec la rage d'un mercenaire sous crack
D'un alcoolique en manque de Jack, d'un dément
D'un amant qu'on plaque
Jour et nuit, je traque les épiphanies
Avec la rage d'un mercenaire sous crack
D'un alcoolique en manque de Jack
D'un amant qu'on plaque, d'un dément qu'on claque
Qu'on claque
[Outro]
La parole comme vaccin contre la mort
La parole comme rempart contre l’ennui
Parler, parler, parler encore
Parler pour affronter la nuit
La parole comme vaccin contre la mort
La parole comme rempart contre l’ennui
Parler, parler, parler encore
Parler pour affronter la nuit
[Transition]
Agité en flux tendu, je claque et j'grince des dents d'façon compulsive
Au point d'avoir arrêter d'mesurer de combien de centimètres j'ai usé mes prémolaires du côté droit
Le moindre bruit m'fait sursauter
Mon téléphone, le voisin qui met de Pink Floyd en pleine journée, un gamin qu'appelle sa mère à l'étage du d'ssus, quelqu'un qui vide ses bouteilles dans la poubelle à verre de la cours de l'immeuble
Difficile de faire des phrases de plus d'trente secondes sans perdre le fil
Difficile de t'nir une conversation
Mais finalement ça s'explique, tout ça, ça s'explique toujours
C'est le mois d'novembre
Salope parmi les salopes, traître parmi les traîtres
Qui nous a mis un coup d'shlass dans l'cœur et dans l'esprit
Qui nous a infligé une douleur que personne ne devrait avoir à connaître
Mais on est plus fort que ça
Le cercle perd un membre, le cercle se resserre, c'est tout
C'est le mois d'décembre qui s'y est mis à son tour
Collabo parmi les collabos, petite pute, complice et lâche
Mais on croit pas aux malédictions et on continuera à chanter des chants d'marins jusqu'à plus avoir de souffle
C'est fauve
Parce que ça va trop vite, parce qu'on est pas encore prêts
On a b'soin d'temps pour trouver les mots justes
Pour maîtriser la colère, la hargne au goût amer qui fait mal à la gorge
Pour aiguiller ça vers quelque chose de plus noble
Heureusement, y a aussi toutes ces personnes qui ont compris, qui nous disent qu'elles non plus, elles veulent plus être seules
J'ai envie d'sortir sous la pluie et d'crier :
« On est là, venez, tout le monde !
Ensemble on sera tellement mieux à travers la vie »
C'est Noki qui m'dit :
« J'ai pris mes billets pour Saïgon ! On part, ça y est”
Et moi, j'le r'mercie une nouvelle fois d'exister, d'exister tel qu'il est
C'est mon compagnon de toujours qui m'propose de signer un nouveau pacte
Qui dit qui peut sauver si j'veux en prenant ma place devant Satan l'jour venu
C'est cette fille qui m'dit que j'compte pour elle et peu importe comment