FAUVE
PARAFFINE
[Couplet 1]
Sortez les bouteilles et les verres, les cigarettes et les briquets
Sortez les stylos et les carnets
Allumez les bougies et réveillez les esprits, faites chauffer les machines
Montez les basses, dégainez les kicks, faites péter les snares
La nuit va être longue vieux frères
Vieux frères ce soir encore, j'vous appelle en renfort
L'heure est à nouveau venue d'tremper les torchons dans la paraffine et d'descendre au fond de la mine
De faire ce truc qu'on a appris à faire au fil des ans depuis tout c'temps qu'on roule ensemble
Braconner les mots juste pour avancer
Tout mettre à nu avant d'coucher ce qu'on a sur le coeur sur l'instru
Nos quêtes, nos frustrations, nos rêves et notre vécu
Sans non-dits, sans compromis, sans jamais tendre notre cul ni écarter les fesses
Bancal c'est pas grave, bancal c'est très bien
Mais tiens-moi à distance de mes désirs mesquins
J'sais qu'il faut mettre ça au placard sinon c'est baisé
On peut pas s'branler, ni minorer, ni démonter ; toujours construire et charbonner
Même si parfois j'vois bien que c'est compliqué
On n'est pas encore tiré d'affaire, il reste du taff, il en reste à faire, beaucoup à faire
On s'doit d'aller au bout, au bout du tunnel avec toute notre hargne
Jusqu'à nous coucher comme des masses le matin venu pour rempiler dès le réveil
Alors ce soir on va embrayer, mettre en marche le deuxième chantier
On s'reposera plus tard, t'en fais pas
On s'reposera quand on sera vieux, vieux frère

[Couplet 2]
Aujourd'hui j'regarde en arrière et j'me surprends à sourire
Tous ces souvenirs en si peu de temps
Ça m'a fait comme une seconde naissance
À une époque j'pensais que ma vie était derrière moi
Et si j'avais su tout c'qui m'attendait, tous ces moments, tout c'qu'on a construit
De rien et à bout de bras
Et j'suis fier de ça, ça m'fait du bien
J'crois que j'suis plus heureux, moins amer, moins en colère qu'avant
Plus apaisé aussi j'espère
Moi qui était bon à pas grand chose en tout cas dans ma tête
J'ai récupéré de ma dignité
Au passage j'espère en avoir fait profiter les miens autant qu'j'pouvais
Mais c'est pas fini, rien n'est gagné, on est p't-être à l'abri pour l'instant mais il faut rester vigilant
Et puis on n'a pas encore tout dit parce qu'on n'a pas encore tout vu
Il en reste dans l'éponge, il en reste dans nos casiers, il en reste sur notre route
On n'a pas encore été au bout d'l'histoire, au bout d'nous-même, au bout des autres, au bout du monde, loin d'là
Et on s'arrêtera pas, on s'arrêtera pas tant qu'ce sera pas fait
On a c'privilège, cette torche qu'on peut tremper dans la paraffine
Et on va continuer à descendre au fond d'la mine pour creuser
Creuser jusqu'à la sortie
On a passé tant d'années à attendre, à chercher dans l'noir comme des galériens
À marcher sans savoir où aller, à s'faire du mal pour rien
Hors de question d'flancher ou d'revenir en arrière
Je sais que j'peux compter sur toi, vieux frère
[Refrain] x4
Combien d'étés, de levers, de bohèmes
Combien d'orages, de crises, de chrysanthèmes
On en aura par centaines, par milliers
On en aura des amours, des baisers