Jean-Jacques Goldman
Entre gris clair et gris foncé
Décolorés, les messages du ciel
Les évidences déteintes au soleil
Fané, le rouge sang des enfers
L'Eden, un peu moins pur, un peu moins clair
Souillé, taché, le blanc des étendards
Brûlé, le vert entêtant de l'espoir
La sérénité des gens qui croient
Le repos d'âme qui donnait la foi

Organisés, les chemins bien fléchés
Largués, les idoles, les grands timoniers
Les slogans qu'on hurle à pleins poumons
Sans l'ombre, l'ombre d'une hésitation
Télévisées, les plus belles histoires
Ternis les gentils, troublants les méchants
Les diables ne sont plus vraiment noirs
Ni les blancs absolument innocents

Oubliées, oubliées
Délavées, nos sages années, programmées
Entre gris clair et gris foncé

Scénarisées, les histoires d'amour
Tous les "jamais", les "juré", les "toujours"
Longue et semée d'embûches est la route
Du sacré sondage et du taux d'écoute
Psychiatrisées, l'amitié des romans
Celle des serments, des frères de sang
Les belles haines qui brûlaient le cœur
Contrôlées à travers un pacemaker
Oubliées, oubliées
Délavées, nos sages années, programmées
Entre gris clair et gris foncé