Jean-Jacques Goldman
Le ballet
Ça t'arrive sans crier gare
Au milieu d'une heure incolore

Un geste, une odeur, un regard
Qui comme déchire ton décor

Tout à coup, ce cœur qui t''avait presque oublié
Se pointe à ta porte et se remet à cogner

Attention
Le ballet
Va commencer

Tu comprends pas trop c' qui t'arrive
Tu crois d'abord à une erreur

Tu l'évites et lui te devine
Entre le désir et la peur

Tu t'entends lui dire des phrases sans aucun sens
Qu'importe, les mots n'ont plus la moindre importance

Car le ballet
Ah a commencé

Il met ses plus beaux atours et du miel sur sa voix
Toi tu te fais velours et tes bijoux brillent sur toi
Il te dit poèmes et rêves et lointains voyages
Tu répond Florence, peinture, impeccables images
Dames et cavaliers
Avancez

Un coup d'œil à son dos, ses hanches
Quand s'efface le galantin

Un regard quand elle se penche
Et laisse deviner un sein

Elle sait déjà ses mains, les contours de sa bouche
Le cambré de ses reins qu'elle a noté en douce

Car le ballet
Va s'animer

Il a su les codes et donner les bons mots de passe
Encore un peu d'alcool et que tombent les cuirasses
Livrées les clés des corps, enfin les peaux s'embrassent
Et le temps s'arrête tant que dure la grâce

Car le ballet
Est bientôt
Terminé

Et la vraie vie
A commencé
Eh oui
La vraie vie

[ Jean-Jacques Goldman ]