[Couplet unique]
Y’a pas que l’atterrissage qui compte quand cette putain de chute est immense
Moi j’ai pas peur du vide, j’ai peur d’affronter le silence
Ma vie c’est un combat contre moi-même, une course contre la montre
Le sablier s’élargit chaque jour, il faut que je te raconte
Les blessures que je dissimule, mais j’ai pas besoin de tes sparadraps
Pas besoin d’aller voir un psy, je me confie à mes paragraphes
Le temps passe et je n’ai rien vu, le cœur aveuglé par les flammes
Petit frère grandit trop vite, petite soeur devient une femme
Et je n’étais jamais là pour eux, un peu trop occupé à rapper
C’est dur à constater mais ça je ne pourrai jamais le rattraper
Les regrets dans le sac à dos, je fais mon bout de chemin, et au plus je grandis
Au plus je me rappelle pourquoi je détestais les grands quand j’étais petit
Parce qu’ils n’avaient jamais le temps pour rien, c’est tellement triste
À la base je voulais être heureux mais j’ai fini par être artiste
Y a tous ces proches qui me demandent « Eh Youssef comment ça va ? »
J’en ai marre de leur mentir, alors je préfère qu’on ne me demande pas
Parfois j’ai besoin de m’isoler quand la mélancolie me tue
J’suis jamais seul, j’suis toujours accompagné de ma solitude
J’ai la chance d’avoir l’écriture, quand j’étouffe c’est mon bol d’air
Parfois j’ai la rage de Keny, parfois j’ai le spleen de Baudelaire
J’ai une pression énorme et y a peu de gens qui peuvent le comprendre
Le poids des miens sur mes épaules, quand je marche il faut que je me concentre
Je leur offrirai des diplômes, c’est bien joli le son
Mais j’suis pas venu faire des études, j’suis venu accomplir une mission
J’suis pas de leur monde, donc je les emmerde avec politesse
Pour ne plus voir mon père faire les courses à l’épicerie solidaire
J’espère un jour le voir au repos parce qu’il travaille un peu trop
Pas beaucoup de sommeil, beaucoup de stress, très peu d’euros
Parfois je me cache pour pleurer, parfois je pleure pour me cacher
J’ai tellement de choses à faire et j’ai tellement peur de tout gâcher
J’pourrais passer des heures à marcher dans la rue
À encore penser à elle, à encore me dire que j’abuse
Peut-être que mon cœur m’a trompé, j’ai peur de l’affronter
L’amour c’est beau mais ça fait très mal et j’ai pas de plan B
Alors comme d’hab, je le garde pour moi, un jour ça passera
Un jour peut-être l’innocence de mon enfance me rattrapera
Peut-être, peut-être que demain tout ira mieux
Peut-être, qu’on pourra enfin se regarder dans les yeux
Peut-être, qu’on s’est tout dit, peut-être qu’on a fait le tour
Peut-être que ce texte ne verra jamais l’jour
Peut-être...