Johann Wolfgang von Goethe
Chanson de Brander
[BRANDER]
Attention! une chanson de la plus nouvelle facture!
Et répétez bien haut le refrain avec moi\!
Certain rat dans une cuisine
Établi, comme un vrai frater
S'y traita si bien, que sa mine
Eût fait envie au gros Luther
Mais un beau jour, le pauvre diable
Empoisonné, sauta dehors
Aussi triste, aussi misérable
Que s'il eût eu l'amour au corps
Que s'il eût eu l'amour au corps!
Il courait devant et derrière
Il grattait, reniflait, mordait
Parcourait la maison entière;
La ragе à ses maux ajoutait
Au point qu'à l'aspect du délire
Qui consumait sеs vains efforts
Les mauvais plaisants pouvaient dire:
Ce rat a bien l'amour au corps!
Ce rat a bien l'amour au corps!
Dans le fourneau le pauvre sire
Crut pourtant se cacher très bien
Mais il se trompait; et le pire
C'est qu'on l'y fit rôter enfin
La servante, méchante fille
De son malheur rit bien alors
"Ah ! disait-elle, comme il grille
Il a vraiment l'amour au corps!"
Il a vraiment l'amour au corps!
[SIEBEL]
Comme ces plats coquins se réjouissent!
C'est un beau chef-d'œuvre à citer
Que l'empoisonnement d'un pauvre rat!