[Paroles de "In girum imus nocte"]
[Lecture de In girum imus nocte de Guy Debord]
Au réalisme et aux accomplissements de ce fameux système, on peut déjà connaître les capacités personnelles des exécutants qu'il a formé. Et en effet ceux-ci se trompent sur tout en ne peuvent que déraisonner sur des mensonges. Ce sont des salariés pauvres qui se croient des propriétaires, des ignorants mystifiés qui se croient instruits et des morts qui croient voter. Ils collectionnent les misères et les humiliations de tous les systèmes d'exploitation du passé, ils n'en ignorent que la révolte. Ils ressemblent beaucoup aux esclaves; parce qu'il sont parqués en masse et à l'étroit dans de mauvaises bâtisses malsaines et lugubres, mal nourris d'une alimentation polluée et sans goût, mal soignés dans leurs maladies toujours renouvelés, continuellement et mesquinement surveillés, entretenus dans l’analphabétisme modernisé et les superstitions spectaculaires qui correspondent aux intérêts de leurs maîtres. Ils ne sont que des chiffres dans des graphiques que dressent des imbéciles. Leurs éprouvantes conditions d'existence entraînent leur dégénérescence physique, intellectuelle, mentale. On leur parle toujours comme à des enfants obéissants à qui il suffit de dire "il faut" et ils veulent bien le croire. Mais surtout on les traite comme des enfants stupides
Séparés entre eux par la générale perte de tout langage adéquat. Derrière la façade de ravissement simulé, dans ces couples comme entre eux et leur progéniture, on n'échange que des regards de haine, que des regards de haine, que des regards de haine, que des regards de haine, que des regards de haine...