Ovide
Les métamorphoses d’Ovide, Livre X (Fable 5)
(v.220) « En revanche, si par hasard vous demandez à Amathonte, féconde en métaux, si elle avoue comme ses filles les Propoetides, elle les reniera aussi bien que ces hommes dont le front autrefois était hérissé de deux cornes, d'où tirèrent aussi le nom de Cérastes. Devant leur porte se dressait un autel de Jupiter Hospitalier. En le voyant rougi de sang, l'étranger ignorant le crime pouvait croire qu'on avait immolé là des veaux encore à la mamelle, des brebis d'Amathonte : c'est un hôte qui avait été égorgé. Répugnant à ces offrandes sacrilèges, la bienfaisante Vénus elle-même se disposait à abandonner ses villes et les champs d'Ophiusa. « Mais quelle faute ont commise ces lieux qui m'agréent, quelle faute mes villes? De quoi, dit-elle, sont-ils coupables? Que par l'exil, plutôt cette race impie paye ses crimes, ou par la mort, ou par un châtiment s'il en est un, qui tienne le milieu entre la mort et l'exil. Et ce châtiment, quel peut-il être, sinon une métamorphose? » Tandis qu'elle se demande en quoi elle les pourrait changer, elle tourna son regard vers leurs cornes et l'idée lui vint qu'elle pouvait les leur laisser ; et elle transforme leurs membres énormes en ceux de farouches taureaux.
(v.240) « Les impudiques Propoetides cependant osèrent nier la divinité de Vénus. En punition de quoi, victimes de la colère de la déesse, elles prostituèrent les premières leur corps et leur beauté. Et, comme toute pudeur leur devint étrangère et que le sang de leur visage se figea, il ne fallut que peu de chose pour qu'elles fussent changées en pierre insensible.