Hubert-Félix Thiéfaine
Fièvre résurrectionnelle
Sous un brouillard d'acier
Dans les banlieues d'Izmir, de Suse ou Santa-Fé
6 milliards de pantins au bout de la lumière
Qui se mettent à rêver d'un nouvel univers
Mais toi tu restes ailleurs dans un buzz immortel
À fabriquer des leurres en fleurs artificielles
Pour les mendiants qui prient les dieux et les chimères
Les trafiquants d'espoir aux sorties des vestiaires
Je t'aime et je t'attends à l'ombre de mes rêves
Je t'aime et je t'attends et le soleil se lève
Et le soleil...
Dans un rideau de feu
Dans les banlieues d'Auckland, de Cuzco ou Montreux
6 milliards de fantômes qui cherchent la sortie
Avec des sonotones et des cannes assorties
Mais toi tu viens d'ailleurs, d'une étrange spirale
D'un maelström unique dans la brèche spatiale
Avec autour du cou des cordes de piano
Et au poignet des clous pour taper le mambo
Je t'aime et je t'attends à l'ombre de mes rêves
Je t'aime et je t'attends et le soleil se lève
Et le soleil...
Dans son plasma féerique
Dans les banlieues d'Hanoï, de Sfax ou de Munich
6 milliards de lépreux qui cherchent leur pitance
Dans les rues de l'amour en suivant la cadence
Mais toi tu cherches ailleurs les spasmes élémentaires
Qui traduisent nos pensées comme on traduit Homère
Et tu m'apprends les vers d'Anna Akhmatova
Pendant que je te joue Cage à l'harmonica
Je t'aime et je t'attends à l'ombre de mes rêves
Je t'aime et je t'attends et le soleil se lève
Et le soleil...
Ivre de ses vieux ors
Dans les banlieues d'Angkor, d'Oz ou d'Oulan Bator
6 milliards de paumés levant la tête au ciel
Pour y chercher l'erreur dans un vol d'hirondelles
Mais toi tu planes ailleurs sur des nuages flous
Dans de faux arcs-en-ciel vibrant de sables mous
Tu chantes des arias d'espoir universel
Pour faire que le soleil se lève sur nos hivers
Je t'aime et je t'attends à l'ombre de mes rêves
Je t'aime et je t'attends et le soleil se lève
Et le soleil...
Là-bas sur l'horizon
Venant d'Hélipolis en jouant Hypérion
6 milliards de groupies qui l'attendent hystériques
Dans le stade au jour j en brouillant la musique
Mais toi tu squattes ailleurs dans un désert de pluie
En attendant les heures plus fraîches de la nuit
Et tu me fais danser là-haut sur ta colline
Dans ton souffle éthéré de douceurs féminines
Je t'aime et je te veux à l'ombre de mes rêves
Je t'aime et je te veux et le soleil se lève