Hubert-Félix Thiéfaine
Petit matin 4.10 heure d’été
Le temps passe si lentement
Et je me sens si fatigué
Le silence des morts est violent
Quand il m'arrache à mes pensées
Je rêve de ses ténèbres froides
Électriques et majestueuses
Où les dandys se tiennent roides
Loin de leurs pulsions périlleuses
Je rêve tellement d'avoir été
Que je vais finir par tomber

Dans cette foire aux âmes brisées
Où le vieux drame humain se joue
La folie m'a toujours sauvé
Et m'a empêché d'être fou
Je me regarde au fond des yeux
Dans le miroir des souvenirs
Si partir c'est mourir un peu
J'ai passé ma vie à... partir
Je rêve tellement d'avoir été
Que je vais finir par tomber

Mes yeux gris reflètent un hiver
Qui paralyse les cœurs meurtris
Mon regard vient de l'ère glaciaire
Mon esprit est une fleur flétrie
Je n'ai plus rien à exposer
Dans la galerie des sentiments
Je laisse ma place aux nouveau-nés
Sur le marché des morts-vivants
Je rêve tellement d'avoir été
Que je vais finir par tomber
Je fixe un océan pervers
Peuplé de pieuvres et de murènes
Tandis que mon vaisseau se perd
Dans les brouillards d'un happy end
Inutile de graver mon nom
Sur la liste des disparus
J'ai broyé mon propre horizon
Et retourne à mon inconnu
Je rêve tellement d'avoir été
Que je vais finir par tomber

Déjà je m'avance en bavant
Dans les vapeurs d'un vague espoir
L'heure avant l'aube du jour suivant
Est toujours si cruellement noire
Dans le jardin d'Eden désert
Les étoiles n'ont plus de discours
Et j'hésite entre un revolver
Un speedball ou un whisky sour
Je rêve tellement d'avoir été
Que je vais finir par tomber

Je rêve tellement d'avoir été
Que je vais finir par tomber
Je rêve tellement
Que je vais finir par tomber
Je rêve tellement d'avoir été
Que je vais finir par tomber