Hubert-Félix Thiéfaine
Vendôme Gardénal Snack
Tu traînes dans mes nuits comme on traîne à la messe
Quand on n'a plus la foi et qu'on ne le sait pas
Quand on traîne les genoux aux pieds d'une prêtresse
À résoudre une énigme qui n'existe pas

Et tu lèves les yeux quand passent les cigognes
Qui vendent la tendresse le soir au marché noir
Dans la rue des travelos, t'as rencontré Guignol
Qui s'était déguisé en poète illusoire

Je t'autorise à me jeter
Je t'autorise à me jeter

Tu traînes ton ennui dans les rues de l'errance
Et tu serres les poings au fond de mes envies
Quand la ville dégueule son trop-plein d'impuissance
Et nous jette trois sous d'espoir et d'infini

Je laisse derrière toi des mégots de Boyards
Le cri d'une chanson et des bouteilles vides
Au hasard de ma route entre deux quais de gare
Je ne fais que passer, je n'aurai pas de rides

Je t'autorise à me jeter
Je t'autorise à me jeter
Du fond de ton exil, tu vois des processions
De chiens à demi fous qu'on relègue à la mort
Tu vois des cathédrales qui affichent mon nom
Pour un dernier concert à l'envers du décor

Tu vois les échafauds qui tranchent l'innocence
Et répandent la vie à trois mètres sous terre
Où l'on voudrait aller quand on a joué sa chance
Et qu'on reste K.O. la gueule au fond d'un verre

Je t'autorise à me jeter
Je t'autorise à me jeter